MAO > Numérisation disques vinyle

Dernière mise à jour : 28/11/2006

Présentation

Cet article décrit la marche à suivre pour numériser un disque vinyle en vue de son transfert sur un CD audio, en utilisant un ordinateur équipé d'une carte son.

Résumé des opérations à effectuer

1 - Transfert de l'audio du disque vinyle dans l'ordinateur (correction RIAA, numérisation, acquisition)
2 - Edition des pistes dans un éditeur audio (nettoyage début/fin, découpage, suppression craquements, normalisation)
3 - Gravure sur CD (limitations, normes)

Transfert de l'audio du disque vinyle dans l'ordinateur

Tentatoo. - Vous le savez sans doute, l'ordinateur ne traite que des informations binaires, et ne peut donc comprendre le language d'un signal audio analogique, qui est loin d'être binaire. Il est donc nécessaire d'utiliser une carte son, qui va se charger de transformer le signal analogique en signal numérique (binaire).
Saipatoo. - Mais alors, il suffit de brancher la sortie d'une platine disque vinyle sur une entrée de la carte son, et ça marche ?
Tentatoo. - Malheureusement non. L'enregistrement d'une musique ou d'un son sur un disque vinyle a été précédé d'une correction appelée correction RIAA, consistant à atténuer les basses fréquences (pour limiter la largeur physique du sillon sur le disque) et à augmenter les hautes fréquences (pour améliorer le rapport signal/bruit). Si vous branchez directement la sortie d'une platine disque vinyle sur l'entrée Micro d'une carte son, le son sera trop aigu et marqué d'une absence importante de grave. Il est donc nécessaire d'intercaller un préampli RIAA assurant la correction inverse de celle appliquée avant gravure du disque vinyle, pour remettre tout ça en ordre. Ce préampli, comme son nom l'indique, apportera en outre une amplification qui ne pourra qu'être bénéfique pour la suite des opérations. Il existe des platines disque vinyle avec préamplificateur RIAA incorporé (chez Dynavox par exemple), mais ce n'est pas forcement le genre de platine que vous préférez avoir. Voici un exemple de préamplificateur RIAA externe que l'on peut trouver dans le commerce :

Preampli RIAA

Saipatoo. - Oh, comme c'est joli ! Et combien coute un tel objet ?
Tentatoo. - Environ 600 euros.
Saipatoo. - 600 euros ! Je crois que je vais abandonner mon projet de numérisation de ma discothèque, et commencer à me constituer une nouvelle collection de CD...
Tentatoo. - Soyez rassuré, Ignotus, on peut trouver un préamplificateur RIAA pour une somme plus raisonnable, comprise entre 15 et 60 euros. Il sera peut-être de moins bonne qualité mais pourra amplement suffire pour vos besoins. Si vous le pouvez, choisissez de préférence un modèle dont l'alimentation secteur est séparée du préamplificateur (comme le montre la photo du centre ci-avant), le rapport signal/bruit sera meilleur.

Preampli RIAA 003 Preampli RIAA 004 Preampli RIAA 005

Saipatoo. - Vous m'avez fait bien peur, je dois l'avouer, et ces derniers chiffres semblent plus adaptés à ma bourse. Mais dites-moi... Ma chaine hifi est dotée d'une entrée Phono et d'une sortie Out (Pre Out) : cet ampli ne pourrait-il donc pas assurer ce rôle de correction et m'éviter ainsi d'acheter un préampli RIAA séparé ? Regardez, j'ai justement pris une photo de l'arrière de mon ampli :

Entree phono

Tentatoo. - Très bonne remarque ! Vous avez de la chance de posséder un ampli possédant une entrée Phono, car je crains fort que d'ici peu, on n'en trouvera plus beaucoup. Utiliser la partie préampli RIAA de votre amplificateur Hifi est effectivement possible en branchant la sortie de votre platine disque sur l'entrée Phono de votre ampli, et en récupérant le signal corrigé et amplifié sur la sortie Pre-Out du même ampli. Notez qu'une sortie Rec-Play, Rec-Playback ou Monitor aurait aussi pû convenir si vous n'aviez pas eu de sortie Pre-Out. Mais vous savez, il n'est pas rare que le raccordement direct (sans transformateur BF d'isolement) d'un ensemble Hifi sur un système informatique pose des problèmes de ronflement ou autres canaillerie qui vous fera tourner en bourrique ! Mais personne ne vous interdit d'essayer, alors je vous invite à le faire dès maintenant. N'omettez pas de raccorder le fil de masse qui accompagne les cables de sortie BF de votre platine, sur le bornier appelé Signal Gnd. Ah, j'allais oublier : n'oubliez pas non plus d'éteindre tous vos appareils avant de faire vos branchements ! Des différences de potentiel importantes peuvent exister entre les masses de vos deux ensemble, et provoquer la destruction d'un étage d'entrée ou de sortie ! Bien que rare, celà peut arriver ! Ca m'est arrivé, d'ailleurs, je m'en souviens maintenant...
Saipatoo. - Diable ! Je ne possède guère de transformateur BF, et je crois que je vais préférer votre solution de préampli externe ! Cela me fait un peu peur, tout ce que vous me dites là, je dois l'avouer. Mais j'ai pris soin de noter vos remarques, et penserai bien à éteindre mes appareils avant de les raccorder entre eux. Voilà donc en tout cas une étape importante de franchie, puisque je vais pouvoir enregistrer mes disques vinyle dans mon ordinateur. Oh, tant que j'y suis ! Pas plus tard qu'hier, j'ai reçu dans ma boite aux lettre, une publicité qui vantait les mérites d'une platine disque vinyle dotée d'une sortie numérique. Que ne vont-ils pas inventer ! Avec ce genre de platine, j'imagine qu'il faut un préampli RIAA numérique ?
Tentatoo. - Vous n'y êtes pas du tout ! Ce genre de platine contient en fait tout le nécessaire pour corriger la courbe de réponse en fréquence (correction RIAA), amplifier puis numériser le signal audio. Il n'y a plus rien à faire d'autre que de relier la sortie numérique à n'importe quelle entrée numérique compatible, et voilà !
Saipatoo. - Mais voilà la solution miracle, qui je l'imagine, permet en outre un transport du signal audio beaucoup plus robuste et moins sensible aux parasites environnant ! Pourquoi donc ne pas adopter cette solution de façon universelle ?
Tentatoo. - La raison en est simple, cher ami. Ce genre de platine est plus chère à fabriquer, et de plus embarque un système qui ne peut évoluer. Si le son ne vous plait plus au bout d'un moment, c'est la platine entière qu'il vous faut renouveler. J'ai entendu beaucoup de personnes dire qu'elles préféraient utiliser une très bonne platine disque avec des sorties analogiques, pour une plus grande liberté concernant le choix du correcteur RIAA et/ou du système de numérisation. Personnellement, je les comprend, et ai aussi adopté ce choix.
Saipatoo. - Bon, je crois avoir compris. Je conserve ma platine vinyle actuelle, et j'y adjoindrai un préampli RIAA, que je fabriquerai moi-même puisque je viens de trouver un schéma qui me semble être à ma portées, et que voici ci-dessous. J'espère que ma femme accèptera de me laisser un peu la table de la cuisine...

Preampli RIAA

2 semaines plus tard...

Saipatoo. - Misère, j'ai bien cru que je n'arriverai jamais à fabriquer ce préampli RIAA ! Les enfants s'amusaient sans arrêt à cacher mes composants et mes outils, j'ai retrouvé mon NE5532 dans un pot de fleurs, et une pince sous le matelas de mon lit ! Mais tout fonctionne à présent, j'ai hâte de transférer mes 1300 disques vinyle dans mon ordinateur !
Tentatoo. - Quel courage ! Je vous invite à ne pas trop tarder, maintenant que vous avez tout ce qu'il faut. Mais dites-moi, possédez-vous les logiciels nécessaires pour continuer sur votre lancée ?
Saipatoo. - Oui, je me suis équipé cette semaine. Figurez-vous qu'un vendeur (excellent, j'y retournerai) m'a conseillé ce logiciel parce qu'il fait tout : acquisition, édition et gravure ! Vous imaginez ? Un seul programme pour faire tout de A à Z ! Celà n'est-il pas merveilleux ? A ce propos, je vous demanderai surement quelques conseils...
Tentatoo. - Je veux bien, mais lisez bien le manuel avant tout... La chose la plus importante pour le moment, est de faire extrêmement attention à ne pas saturer l'étage d'entrée de votre carte son, car celà est extrêmement désagréable à l'écoute. N'oubliez pas que vous êtes désormais dans le monde du numérique, et qu'une saturation audio en numérique est incomparable à une saturation audio en analogique, qui s'effectue beaucoup plus en douceur.

Edition dans l'éditeur audio

Saipatoo. - Victoire, j'ai enregistrée l'intégralité de mon premier 33T ! Vous aviez raison, c'est long. J'ai presque honte de l'avouer, mais j'ai dû m'y reprendre à plusieures reprises, car la troisième chanson était plus forte que les précédentes, et j'ai eu droit à d'horribles bruits d'écrêtage, que je ne pouvais certes pas laisser. Du coup, j'ai préféré baisser un peu le niveau de l'ensemble, quitte à perdre un tout petit peu de niveau pour les morceaux les plus faibles, et j'ai tout recommencé. Mais au moins maintenant, j'enregistre avec moins de stress ! Je n'ai plus qu'à graver mon travail sur CD !
Tentatoo. - Holà, du calme ! Vous avez enregistré un 33T complet, et vous voulez mettre votre fichier audio comme ça, tel quel, sur un CD ?
Saipatoo. - Bah oui ! En fait j'ai deux fichiers audio, puisque j'ai dû retourner le disque. Oh mais je vois où vous voulez en venir... Deux fichiers audio pour mes 12 chansons... pas très logique en effet. J'imagine donc que je dois maintenant découper mes morceaux pour avoir au final autant de fichiers audio que de chansons ?
Tentatoo. - En fait, cela dépend de votre éditeur audio. Avec certains éditeurs, il est nécessaire de découper chaque morceau puis de le sauvegarder dans un fichier audio indépendant. Votre éditeur miracle, je crois, possède la particularité de pouvoir travailler avec des marqueurs, ce qui permet de délimiter les débuts et fins des morceaux tout en conservant votre fichier initial intégral. Si c'est bien le cas, je vous conseille d'utiliser cette fonction, car elle est bien plus souple et permet de revenir plus facilement en arrière en cas d'erreur.
Saipatoo. - Compris ! Maintenant je suis prêt ! Mais j'avoue être un peu embêté avec les craquements du disque. Je n'y était plus habitué avec l'écoute des CD. Pensez-vous que je puisse faire quelque chose pour les diminuer ou les supprimer ?
Tentatoo. - Il existe des outils qui effectivement, sont dédiés à cette tache. Mais si vous voulez mon avis, je vais vous le donner.
Saipatoo. - Certes, je le veux !
Tentatoo. - Des progès immenses ont été accomplis ces dernières années dans le domaine de l'analyse des bruits indésirable et dans le traitement destiné à les atténuer. Mais pour obtenir de très bons résultats, qui ne dénaturont pas trop votre morceaux original, vous devrez passer beaucoup de temps pour trouver les réglages appropriés. Il existe certes des outils dotés de "réglages automatiques", mais ils n'ont pas ma faveur. Pour être franc avec vous, je ne vous vois pas "nettoyer" 1300 disques de la sorte.
Saipatoo. - Quel dommage. Enfin, j'ai bien envie d'essayer tout de même.
Tentatoo. - Vous connaissez mon point de vue sur le sujet...
Saipatoo. - Donc pour résumer : je "découpe" mes morceaux avec mes marqueurs, j'applique un fondu d'entrée au début de chaque morceau et un fondu de sortie à la fin, je nettoyes si les résultats me convainquent, et je normalise.
Tentatoo. - Vous normalisez... Tiens, nous n'avions pas encore parlé de ce point... Dites-moi tout.
Saipatoo. - Mais vous savez bien de quoi je veux parler ! Ah oui, encore vos fameux tests pour voir si j'ai bien compris... Et bien voilà ce que j'ai retenu : la normalisation permet d'avoir la même puissance sonore pour tous les morceaux.
Tentatoo. - Je m'y attendais un peu, il va falloir clarifier un peu les choses. Vous n'avez pas tout à fait tort, mais vous n'avez pas raison non plus. La normalisation permet d'amplifier ou d'attenuer l'amplitude d'un morceau pour que le niveau max atteint sur la totalité du morceau n'excède pas une valeur que vous fixez vous même. Par exemple, un morceau dont la crête maximum atteind -13 dB, peut être amplifié de telle sorte que sa crête maximum atteigne -1dB. Notez en passant que le bruit de fond sera autant amplifié que le signal utile, le rapport signal / bruit reste donc inchangé (je le précise car j'en entend souvent dire qu'ils augmentent le niveau de cette façon pour avoir moins de souffle). Et pour finir, je vous rappelle que l'impression de puissance sonore n'est pas uniquement liée à l'amplitude du signal audio. Un morceau de musique techno actuel peut très bien posséder une crête max de -6dB et sonner plus fort qu'un morceau de rock des années 70 possédant une crête max de -1dB. L'utilisation de compresseurs de dynamique et d'une réverbération légère, peuvent fortement contribuer à augmenter la puissance sonore apparente, qui est plus une puissance "moyenne" que "instantanée".
Saipatoo. - Vous voulez donc dire que même si je normalise tous mes morceaux avec le même maximum de niveau crête, tous n'auront pas la même "puissance sonore" ?
Tentatoo. - Exactement.
Saipatoo. - Fichtre, j'en apprend décidement tous les jours ! Mais celà finalement, ne me gêne pas trop. J'ai une télécommande pour modifier le volume de mon amplificateur, et n'aurai même pas besoin de me lever !
Tentatoo. - Une petite chose encore : ne normalisez pas à 0dB, car certains graveurs de CD professionnels n'apprécient pas du tout. Fixez-vous un niveau maximum de -0,1dB, par exemple.

Gravure sur CD

Saipatoo. - J'ai passé de nombreuses heures à essayer un outil dit de "restauration de vinyle", un plugin, ils appellent ça. C'est fou ce que cet outil est capable de faire ! Mais vous aviez raison. J'ai réussi à obtenir de très bons résultats pour certains morceaux, mais pour d'autres, j'ai du laisser tomber. J'ai donc pris la décision de me concentrer sur l'acquisition et sur la gravure. Et en parlant de gravure, j'ai bien sûr quelques questions qui me viennent à l'esprit.
Tentatoo. - Dites toujours...
Saipatoo. - Et bien, ne sachant pas trop comment procéder, et pour ne pas perdre de temps, j'ai voulu faire mon premier CD avec seulement 2 morceaux, en me disant que j'ajouterais les autres ensuite. Mais après avoir lu le mode d'emploi, j'ai compris que celà n'était pas conseillé de procéder de la sorte, et qu'il fallait opérer en une seule étape. Des explications sont certes données dnas le manuel, mais je n'ai pas tout bien saisi.
Tentatoo. - La création d'un CD audio doit répondre à des instructions et normes très strictes, définies dans ce qu'on appelle le Red Book (livre rouge). Un logiciel de gravure qui ne respecte pas ces norme peut produire des CD que l'on pourra peut-être écouter sur certaines platines CD audio, mais qui peuvent cependant poser des problèmes de lecture dans certaines autres situations plus "professionnelles". Si votre logiciel permet plusieurs modes de gravure tels que Multisessions, Track-At-Once et Disk-At-Once, préférez toujours le mode Disk-At-Once, qui permet une gravure du disque en une seule étape, sans interruption du faisceu laser. Les autres méthodes peuvent causer des soucis lors de la transition d'un morceau à l'autre (erreurs lors d'une copie ou parfois clics audio audible lors de la lecture).
Saipatoo. - Je dois bien avouer que je ne pensais pas devoir faire attention à tant de choses... Vous avez bien mérité ce petit cadeau. Bon, d'accord, il n'y a que deux morceaux...