Divers > Reflexions > Efficacité des antimoustiques à ultrasons ?

Dernière mise à jour : 13/06/2010

Tout a commencé en 1981

1981. C'est la date à laquelle j'ai fabriqué mon premier antimoustique, celui présenté à la page Antimoustique 004 (logique). Il s'agissait d'un modèle très simple, avec comme uniques composants actifs, deux transistors montés en oscillateur à fréquence fixe et attaquant un écouteur "cristal". La photo ci-dessous montre un exemple d'un tel antimoustique, commercialisé encore à ce jour.

Antimoustique - Ecouteur cristal

Par rapport à un écouteur de type dynamique traditionnel, l'écouteur cristal présente une haute impédance d'entrée (2 KOhms pour le modèle crystal, contre 8 à 32 ohms pour le modèle classique dynamique), et permet d'alléger le montage électronique puisque pouvant être attaqué directement sans besoin d'ajouter un étage ampli à sortie basse impédance. De plus, ce type d'écouteur présente une capacité un peu plus importante à passer les aigus vraiment aigus. Montage plus simple (donc moins volumineux) et moins consommateur d'énergie (plus grande autonomie de la pile), tout cela pour une utilisation plus pratique sous la tente en été.

Efficacité ?

Tout le monde s'accorde à avoir des doutes sur l'efficacité d'un tel système. Je me demande pourquoi.

Montage #1
Sans vouloir "gonfler" la chose (je n'aurais aucun interêt à le faire), le premier appareil que j'ai fabriqué m'a semblé très efficace. J'habitais alors une maison en campagne, à côté de laquelle étaient plantées plusieurs mares. Bonjour moustiques et couleuvres... J'avais droit à ma dose de piqures quasiment tous les jours d'été. Après avoir fabriqué et mis en action cet anti-moustique, je n'ai plus été piqué pendant toute la période estivale. Véridique ! Je ne pouvais mettre cela que sur le compte de l'engin, je ne voyais pas d'autre raison à ce calme soudain. L'année suivante, j'ai ressorti la machine. Et là, pffff, efficacité nulle. Peu de temps après, j'apprenai dans une revue d'électronique que ce type d'antimoustique ne convenait pas parce qu'il générait une fréquence fixe et que les moustiques s'y habituaient. Je doutais un peu du transfert de l'information (mémoire des fréquences entendues par les moustiques) d'une génération de moustiques à celle de l'année suivante, mais j'ai tout de même recherché un montage plus élaboré.

Montage #2
J'en ai trouvé un, basé sur un NE555 dont la fréquence était régulièrement modifiée (modulée) par l'onde 50 Hz du secteur (la tension alternative issue du secondaire du transfo d'alim était atténuée et attaquait la broche 5 du NE555). La necessité de se brancher sur le secteur pour bénéficier de la fréquence modulante de 50 Hz empêchait l'usage sur pile et donc la portabilité, mais j'avais envie d'essayer. Après quelques jours de tests, force était de constater que l'efficacité du montage n'était pas spécialement meilleure. Une autre méthode consiste à alimenter le circuit par une alimentation "continue" issue du secteur mais mal filtrée (exemple).

Montage #3
Et puis je suis tombé par hasard sur un autre montage, qui reprenait le principe de la variation de la fréquence ultrasonore, mais dont la commande de variation n'était plus fixe (50 Hz) mais aléatoire. La puissance de sortie était de 3W, ce qui était considérable pour un tel appareil ! Le montage pouvait fonctionner sur piles (plus de dépendance au secteur EDF), même s'il en fallait une belle batterie pour tenir quelques jours d'autonomie. Bien entendu, le principe m'a plu et j'ai réalisé l'engin, qui était tout de même devenu un poil plus complexe.

Antimoustique de puissance

Le transducteur de sortie était un HP aigu (tweeter) capable de supporter quelques bons watts, et dont la bande passante s'étendait jusqu'à 40KHz. L'efficacité de cet appareil m'a semblé meilleur, mais cela n'a pas duré. A croire que l'efficacité de tels appareils dépend de la confiance qu'on leur accorde ! Bref, déception au bout de peu de temps.

Montage #4
A l'heure d'un monde piloté par les microprocesseurs, je ne pouvais m'empêcher de tenter la réalisation d'un antimoustique dont les ultrasons sont produits par un microcontrôleur : montage anti-moustique 003.

antimoustiques_003_pcb_3d_a

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : ce n'est pas parce que l'appareil est plus "moderne" qu'il peut prétendre à une efficacité supérieure. Mais peut-être est-il possible de produire des séquences d'ultrasons plus "complexes" et moins régulières que le signal produit par l'oscillateur à deux transistors. Et espérer une accoutumance un peu plus lente. Désolé, je ne fourni aucun certificat d'efficacité...

Fréquence idéale ?

Curieusement, la fréquence idéale, c'est à dire celle qui a le plus de chance de faire fuire les moustiques femelles (elles seules piquent), dépend de l'article que l'on lit. Autant côté revendeurs électroniques que côté scientifique, j'ai lu de tout. Certains affirment que la fréquence produite par les mâles en chaleur (dont les femelles vont s'éloigner quand elles ont le ventre plein d'oeufs à nourir) est située entre 20 KHz et 25 KHz, d'autres affirment qu'elle se situe aux alentours de 5 KHz. Ce qui n'est pas du tout la même chose, tout de même !!! Notez que pour pouvoir dormir avec un générateur sonore émettant en continu du 5 KHz à côté de soi est une vraie gageur (moi, je ne peux pas) !

Autres solutions ?

Il fut une époque où j'utilisais (abondemment) de l'essence de citronelle : un petit peu sur les bras et un petit peu sur un mouchoir en papier à côté de mon oreiller. C'était vraiment très efficace. Il faut juste supporter l'odeur, que personnellement, j'aime bien. Puis vint le temps des vaches maigres, où je dû me contenter de flacons d'huile essentielle de citronelle, pas du tout efficace : les moustique se posaient à l'endroit même où j'avais mis le produit ! Bien sûr, j'ai aussi essayé d'autres "astuces" à base de plantes, vraies plantes sur le bord de la fenêtre ou produits dérivés. Mais pas de bol, j'ai quelque chose en moi qui attire les moustiques, ainsi le veut la nature, et j'ai du mal à aller contre... Le seul truc que je trouve efficace à ce jour est le petit diffuseur électrique empli de produit chimique qui se disperse dans l'atmosphère une fois branché dans une prise de courant. Mais je n'en n'utilise plus à cause de mes enfants, et aussi parce que j'ai un peu plus conscience que c'est ce genre de produit qui nous pourrissent la vie à petit feu. De ce côté-là, les ultrasons me semblent plus écologiques.

Et l'informatique dans tout ça ?

Et oui, il existe même des logiciels antimoustiques à ultrasons... Moi-même en ai réalisé un parce que l'idée m'amusait.

Antimoustique

Rien de compliqué sur le principe : il suffit de produire un son fixe ou variable au travers de la carte son et du haut-parleur (interne ou externe) au PC. Oui mais... Je ne doute pas un instant que l'on puisse faire sortir des sons très aigus à une carte son, mais pour que ce son soit correctement reproduit par les HP grand public...
Je lisais un commentaire d'un des auteurs de ce genre de logiciel, qui disait "Pour s'assurer que le logiciel fonctionne, il suffit d'enclancher la fonction Test, qui a pour effet de baisser la fréquence du signal émis, ce qui permet de l'entendre. Et si vous l'entendez, c'est que le logiciel fonctionne". Je suis tout à fait d'accord avec cette fonction Test. Si on entend un signal sonore, cela signifie bien que le logiciel fonctionne. Oui, mais les HP sont-ils capables de diffuser autant de puissance à 18 kHz qu'à 5 kHz ? J'ai comme un doute, surtout si le HP est interne au PC. Vous allez sans doute rétorquer que même un HP bas de gamme sortira du son aux fréquences élevées, même si l'atténuation aux fréquences audibles extrêmes est de 20 dB ou plus. Bien vrai, peu est mieux que rien. Mais êtes vous sûr qu'il y aura toujours ce "petit peu" ? Pour moi, ce n'est pas si évident que ça pour toutes les configuration audio. Un indice cependant : certaines personnes se plaignent de maux de tête en présence de signal très aigu ou ultrasonore continu. Si le maux de tête disparait en arrêtant le système, je pense que l'on peut dire que l'engin (logiciel ou matériel) fait son office.

Mais au fait... les ultrasons sont-ils dangeureux ?

Un petit article paru sur cette page pourrait en angoisser plus d'un. Il y est fait mention des niveaux de pression acoustique à partir desquels on considère qu'il y a danger pour les animaux et pour l'homme. Pour l'homme, le niveau maximal à ne pas dépasser se situerait aux alentours de 150 dBa. Entre 80 dBa et 120 dBa, les ultrasons sont susceptibles de produire chez certaines personnes, des maux de tête ou nausées, mais aucune modification physiologique sous la barre des 110 dBa. Pour rappel :
- 50 à 70 dBa : gênant (par exemple forte circulation routière avec camions).
- 80 à 90 dBa : nocifs (train à proximité, usine)
-100 à 110 dBa : dangeureux (discothèque, chaine hifi à fond)
- 110 à 120 dB : seuil douleur (concert de rock, avion)
Tout ça pour dire que danger il n'y a pas, tant que vous ne produisez pas d'ultrasons avec un ampli de sono et des enceintes qui arrivent à suivre !
Au fait, pendant que j'y pense : les bébés (dans leurs premiers mois) entendent très bien les ultrasons. Ne pas placer un antimoustique à ultrasons dans une pièce où se trouve un bébé !