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Dernière mise à jour : 01/07/2012

Présentation

Juillet 2010 : décision est prise de quitter l'entreprise TDF dans laquelle je travaillais depuis 23 ans. Rupture du contrat posée début septembre 2010, j'ai repris les bancs de l'école le 06 septembre 2010 pour une période de 10 mois dans une école de formation aux métiers de l'audiovisuel (1 mois de remise à niveau générale et 9 mois de scolarité spécialisée).

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Je laisse de côté les aspects techniques du monde de la radio (maintenance studios, traitements de son et émetteurs FM) pour me réorienter dans le domaine du son, cette fois côté prise de son, mixage et montage à l'image. Enfin ça, c'était l'idée que j'avais en entrant à l'école. Car durant ma formation, je me suis doucement laissé dévier vers d'autres voies... encore plus artistiques.

De nouveau à l'école...

Il y a quelques années, j'avais déjà réintégré les bancs de l'école en parallèle de mon boulot, pour des études musicales (conservatoire de musique d'Auxerre). J'étais le seul adulte dans une classe d'enfants âgés de 8 à 10 ans, et mon professeur avait un peu de mal à me "traiter" comme les enfants (pas facile de disputer un adulte qui n'a pas bien travaillé son devoir). J'avais adoré l'ambiance. Dans l'institut de formation que j'ai intégré le temps d'une année scolaire (3IS à Trappes, 78), je me retrouve avec des ados avec qui je peux partager pas mal de choses. De mon côté, mon actif professionnel se résume plus à de la technique qu'à de l'artistique. Du leur, la technique "pure" n'est pas le sujet qui a le plus été abordé à l'école. Dans un sens tant mieux car on a plus envie de tenir une caméra et de faire du montage sur Final Cut ou Avid que d'apprendre à réparer une table de mixage. Mais on sent tout de même nettement l'envie d'en savoir plus sur ce qui se passe dans l'intimité des équipements. Bref, des échanges intéressants.

Mais pourquoi donc ce revirement ?

Je me sentais vraiment bien à TDF. Des collègues de travail sympathiques, motivés et dotés d'une compétence reconnue par l'ensemble des chaînes TV et radio, la possibilité de travailler avec du matériel très haut de gamme, et quelques développements logiciels ou électroniques pour changer un peu du pain quotidien. Oui mais voilà, les temps changent et la prise de contrôle de l'entreprise par des financiers à fortement changé les orientations politiques de la boite. Le travail qu'on me demandait de faire devenait de moins en moins technique et je passais plus de temps devant un ordinateur que devant du matériel de production. Une des choses qui m'incitaient à rester était l'animation d'un réseau de "référents radio" (une cinquantaine en tout) dispersé sur le territoire français. Des gens que j'avais appris à connaitre au fil de nombreuses formations, interventions terrains et réunions téléphoniques ou en pieds. Et est arrivé ce qui devait arriver en cette période de crise : l'entreprise annonce vouloir se séparer "en douceur" de 500 employés, dans le cadre d'un PDV (Plan de Départ Volontaire).
Non, il ne s'agit nullement de virer des gens. En tout cas pas si le nombre de "volontaires" au PDV est suffisant, auquel cas aucun PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi) n'aura besoin d'être mis en place. Comme beaucoup de mes collègues, cette proposition que personne n'attendait m'a fait beaucoup réfléchir. Comment cela aurait-il pû en être autrement ?
Détails et réactions au plan de suppression de postes à TDF : Sauvons TDF - Blog et Sauvons TDF - Metz

Les vieilles envies finissent toujours par refaire surface

Cela fait des années et des années que je veux m'investir dans les compositions musicales et montages audio (le montage vidéo est venu bien après). Cela fait d'ailleurs des années que je pratique cela en dehors de mon travail, à titre amateur. A l'école déjà, je faisais des "concours" de montages sonores avec un copain qui était aussi mordu que moi (découpages de K7 audio de différents chanteurs pour faire des "remix", notre objectif premier étant de conserver un rythme parfaitement cohérent). Et à l'école toujours j'animais des soirées dansantes et admirais mes copains de classe musiciens qui jouaient dans un groupe (j'ai commencé les animations dansantes à l'âge de 14 ans, juste après avoir monté ma petite radio locale). Bien des fois ces dernières années je me suis mis à penser qu'il me manquait un bon coup de pied aux fesses pour faire le pas et changer ma façon de voir l'avenir sur le plan professionnel. Mais quand on aime son boulot, on ne voit pas de raison d'en changer. Au départ, j'ai rejeté en force ce PDV mis en place par l'entreprise. Comme beaucoup de mes collègues de travail, j'ai fait grêve pour l'annulation de cette impensable réorganisation. Mais les méchanismes mis en place par nos dirigants étaient bien rodés et nos mouvements ont eu de la peine à être perçus du public. Au fil des mois, au fur et à mesure que je voyais partir les gens autour de moi, je me suis mis à penser différement. Et si cette réorganisation était pour moi le coup de pied aux fesses que j'attendais ? J'ai bien sûr marqué un petit temps d'incertitude et de questionnements, mais la volonté d'essayer était trop forte et j'ai senti que c'était le bon moment. Oui, ma passion pour le son devait reprendre le dessus. Et les voix rassurantes de mon patron qui me disait que je ne craignais rien avec mes cinq enfants volaient au-dessus de mes oreilles. Il n'était pas question pour moi de me demander si oui ou non je devais craindre un PSE à venir, la question était de savoir si je devais "profiter de la situation". Je pourrais dire que je pense avoir fait un bon choix. Mais je préfère dire que j'ai fait un bon choix.

L'affaire vue par mes enfants

Il me semble important que mes enfants soient intégralement mis dans la confidence. Durant les mois qui ont précédé mon départ de TDF, ils m'ont perçu plus nerveux que d'habitude et ont bien compris qu'un changement professionnel n'était pas forcement simple et devait se faire de façon réfléchie. Cela fait des années qu'ils me voient pratiquer l'électronique et la musique avec cette passion qui est la mienne, et finalement ils trouvent normal que je m'oriente vers un métier plus artistique. Mon papa a été en quelque sorte un modèle pour moi, quand il y a quelques années un licenciement économique l'avait poussé à trouver du travail hors de France (il était fraiseur-outilleur). Ca lui avait demandé du courage et il l'avait fait, une partie de la famille l'avait d'ailleurs suivi. Il me semble qu'il est aussi un peu de mon devoir de montrer à mes enfants qu'il ne faut pas avoir peur d'aller de l'avant. Qu'il est mieux d'aller vers quelque chose qui nous attire plutôt que de se complaire dans un système qui ne nous convient pas. Je sais bien que ce n'est pas facile pour tout le monde de raisonner ainsi, la peur de ne plus pouvoir nourir ses petites têtes peut être tenace. Je n'ai pas cette peur. Je sais ce que je vaux et je ne me fais aucun soucis pour l'avenir. J'aime travailler le son et l'électronique, ma femme écrit des contes et des chansons pour enfants, mon fiston adore écrire des histoires et faire du théâtre, et mes filles adorent dessiner et s'en donnent à coeur joie. Je suis convaincu que tous ensemble nous allons dans quelques années pouvoir faire des choses très intéressantes... De plus, j'ai la chance d'avoir une femme qui adhère totalement à mon souhait de recentrage professionnel, et je peux dire que ça aide bien ! Et vous n'imaginez pas comme les enfants sont fiers d'annoncer à leur copains / copines :
"Mon père, il va à l'école".

Alors, l'école... comment ça se passe ?

Je suis rentré directement en troisième année d'un cursus de trois ans, avec le son comme spécialisation. On a beau dire que tout changement est "tout beau parce que c'est tout neuf", j'avoue que je me suis régalé et je ne pense pas que la seule raison en était que c'était tout neuf pour moi. D'ailleurs ce n'était pas tout à fait le cas puisque côté son j'avais déjà un peu de bouteille (plutôt côté technique il est vrai) et côté image j'avais déjà réalisé quelques montages vidéo (dont clips vidéo avec un cousin chanteur). Mais il est des choses qui ne trompent pas. Vous êtes plusieurs à m'avoir écrit pour me demander mon ressenti à l'école, en tant qu'élève adulte. C'est pourquoi j'ai décidé d'ajouter ce petit paragraphe. Pour le cursus "éleve", arrêtez-vous au 30/10/2011. Pour les "événements" qui suivent, je repasse "côté adultes".

01/07/2012
Passage de l'autre côté de l'estrade. A compter de l'année scolaire 2012-2013, je donnerai des cours à l'école 3IS pour les prépa et 2ème année, dans le domaine du son.

27/06/2012
3IS Fest... fête de fin d'année scolaire pour la promo 2011. On m'a autorisé à lire deux petits textes à voix haute... 

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Merci aux organisateurs et élèves qui ont préparé et assuré un travail de très grande qualité !

30/10/2011
- Arrive le moment où je dois remettre mon mémoire de fin d'année. En terme de nombre de pages demandées il n'est pas entièrement terminé, mais je pense qu'il vaut mieux concentrer son énergie sur le contenu, qui à chaque ligne doit apporter un intérêt nouveau. Je me vois mal dupliquer mes idées en x exemplaires juste pour gonfler le bloc de papier.
- Le documentaire sur l'électronique qui me trottait dans la tête ne trotte plus. Il court. C'est parti pour de bon, avec l'assistance de deux charmantes demoiselles (de la même école) qui m'assistent dans l'écriture du synopsis. A ce propos, j'ai lancé un appel à témoins.

26/06/2011
- La fin de l'année scolaire approche, il ne reste que quelques jours de cours. Je suis heureux d'avoir passé une année scolaire riche en apprentissages, j'ai vraiment le sentiment de n'avoir pas perdu mon temps. Bien entendu ce n'est pas cette unique année passée qui me rend "professionnel du son", il me faut maintenant pratiquer et pratiquer encore. Mais une chose est sûre, les multiples activités proposées par l'école m'ont permis de me rendre compte de ce qui m'attirait le plus.
- Le petit making off de notre tournage de mars 2011 (qui finalement est plutôt un bloc note de souvenirs) est terminé.
- Le projet d'émissions TV avec TVFIL78 (initiation à l'électronique) est tombé à l'eau. Mais l'envie de réaliser un documentaire sur l'électronique "pour débutant" me trotte tout de même bien dans la tête, que je pourrais proposer à ARTE, C+ ou à une autre chaîne. Affaire à suivre...

20/03/2011
- Fin de ma participation au son pour mon premier tournage court-métrage cinéma. Six jours et trois nuits pour découvrir les difficultés techniques de mises en place cadre et lumière, les petites tensions humaines... Vraiment très intéressant et instructif ! J'ai vraiment beaucoup aimé le micro Sennheiser MKH40 et l'enregistreur Sound Device 744T. J'ai profité de quelques moments libres pour filmer de mon côté avec mon caméscope grand public, avec l'idée de faire un petit making off. 

27/02/2011
- J'ai inauguré ma première perche son le 25/02/2011 au Théâtre du Chatelet pour des interviews auprès des nominés aux Cesar. Je ne pensais pas me faire les dents dans un contexte tel que celui-ci (la trouille de rater que j'avais), mais je ne m'en plaint pas ! Tout s'est bien déroulé dans l'ensemble, même si le choix du micro perche n'était pas le plus adéquat. On m'avait dit que les interviews auraient lieu dans une petite pièce fermée située en coulisse, et j'avais opté pour un statique KM140. La pièce en question était bien fermée (sauf pour le plafond) et montée en quatre panneaux d'appoint entre les champs de prises de Canal+ et RTL et de retours monitoring qui pétaient bien par moment. Et avec ça un point buvette et une fanfare ambulante. Donc une ambiance bien plus marquée que celle que j'attendais. Mais on a l'image et les voix, c'est bien le principal. Et puis voir Quentin Tarentino de près, ça fait oublier les petites gênes ;-)

12/12/2010
- Je me suis inscrit à un atelier "Labo TV", dans lequel plusieurs élèves imaginent de nouveaux concepts d'émissions télévisées qui doivent aboutir à une diffusion sur une ou plusieurs chaîne câblées locales (TVFIL78 dans les yvelines en particulier). L'idée d'émission que j'ai proposée consiste à démystifier l'électronique auprès de débutants qui "en temps réel" fabriquent des montages électronique devant la caméra (bien sûr ce n'est pas du direct mais du monté).

14/11/2010
- Je viens de "toucher" au monde du multicam (plusieurs caméras utilisées pour du direct) avec exercices de type "journal télévisé" et "débat". Très intéressant ! Les seules directives sont celles du réalisateur qui exprime ses besoins en terme de son, à nous (équipe de sondiers) de mettre en place les moyens techniques permettant de répondre à ces besoins et de prévoir les incidents potentiels du direct.
- Je me suis inscrit à un atelier d'écriture, avec l'idée de pouvoir mettre dans une forme plus "formalisée" certaines de mes nouvelles.

24/10/2009
Tout va toujours très bien, merci ! Les cours sont vraiment intéressants et la grande majorité des formateurs / intervenants sont pédagogues. Je dois reconnaitre que certains cours techniques passent bien parce que la base technique que je possède m'aide beaucoup. Les cours sur la modulation FM pour les micros HF ne me font pas ch... et les cours sur les effets numériques ne me parraissent pas nébuleux (ayant construit moi-même des compresseurs de dynamique, j'ai une bonne vue de l'action des divers paramètres ajustables). Avant d'arriver dans cette école je n'avais jamais touché à Protools mais étant familier avec Cubase, j'en ai saisi assez rapidement les grands principes. Pour résumer, je pourrais dire que pour l'instant il me "suffit" de m'appuyer sur mes connaissances et de m'adapter aux outils pro. Pour ce qui est de la prise de son accoustique, j'ai tout à apprendre. J'ai effectué plusieurs enregistrements de concerts vocaux dans les années 90 (a cappella et avec instruments) avec pour seul guide mon intuition. J'étais tout seul avec mes quelques micros "à tout faire" et ma petite console 12 voies "grand public". Je faisais avec, et je sais maintenant pourquoi mes enregistrements amateurs ne rendaient pas si terrible, bien que côté souffle et saturation je m'en sortais toujours bien. S'il est une chose que j'apprécie beaucoup dans cette école, c'est l'insistance des profs à nous pousser à expérimenter et à ne pas nous contenter de recettes miracles ou de principes qui nous ont donné satisfaction une fois.

Septembre 2010
J'ai passé un mois de remise à niveau pendant lequel j'ai été amené à toucher un peu à tout : prise de son, cadrage, éclairage, montage (Final Cut et Media Composer). Je dois avouer que si j'adore les techniques du son, j'aime aussi beaucoup celles de l'image. A tel point que l'idée de me former aussi au métier de monteur (après l'année de formation son) m'a un peu traversé l'esprit. Ca peut sembler curieux comme ça et même quelque peu "instable", mais j'assume. Je fini mon année scolaire "son" et après on verra.